Pourquoi nous aider à agir pour Madagascar ?

Loin de l’image de ses plages de cartes postales, la vie à Madagascar n’est pas si proche du paradis tropical auquel on aspire tous. En effet l’île de l’océan Indien, est un des pays les plus pauvres du monde où le respect des droits de l’homme et de l’enfant sont encore fragiles et lacunaires.

Contexte socio-économique de Madagascar

Malgré les efforts entrepris par les autorités publiques, la situation ne va pas en s’arrangeant.

Madagascar a encore du mal à se relever des répercussions de la crise politique de 2009 qui a conduit à la suspension de la majorité des aides étrangères. Cette crise s’est notamment traduite par un recul de la classification du pays dans l’Indice de Développement Humain (IDH) dont le rang a régressé de la 149ème position sur 162 pays en 2010 au 161ème rang sur 188 pays en 2018, pour un IDH de 0,510 aujourd’hui.

Concrètement, autour de 70% des ménages et 80% des enfants vivent en dessous du seuil de pauvreté (1.90$/jour). Environ 91 % de ces populations vulnérables vivent avec moins de 3.10$ par jour et 55 % de la population vit dans l’extrême pauvreté et doit survivre au quotidien. La pauvreté est particulièrement présente en milieu rural, où vit près de 83% de la population, la plupart dans des zones marginalisées et enclavées, dépourvues d’infrastructures de base (accès à l’eau potable, à l’assainissement, aux écoles, etc.). Multiforme, cette pauvreté s’observe au travers de l’extrême difficulté des populations vulnérables à accéder aux besoins les plus fondamentaux comme la santé, l’eau potable, la nourriture, le logement ou encore l’éducation.

Le retard de développement de Madagascar s’observe quotidiennement chez les populations et tout particulièrement auprès des plus vulnérables comme les enfants. Ces derniers sont les premières victimes d’une pauvreté violente et multiforme. L’UNICEF estimait en 2012 que 82% des moins de 18 ans vivaient sous le seuil de pauvreté. En 2015, on recensait environ 4 millions de chômeurs  à Madagascar dont 70% de jeunes.

La gravité de cette situation s’accentue d’autant plus lors de catastrophes naturelles. En effet, Madagascar fait partie des six pays du monde les plus vulnérables au changement climatique. L’île est souvent sujette aux séismes, cyclones, inondations et à la sécheresse. Ces perturbations climatiques contribuent à renforcer la vulnérabilité des familles les plus pauvres, et de leurs enfants, qui sont les moins protégés de l’île.

Education

Selon le Rapport 2013 de l’UNICEF sur l’éducation à Madagascar, 1.5 million d’enfants malgaches sont hors de 
l’école, soit environ 1 enfant sur 4. Près de 65% des jeunes ne dépassent pas le niveau primaire, en 2015 seul 1/3 complétera son cycle d’éducation primaire. Moins de 10% des jeunes enfants seulement sont inscrits en classe préscolaire. Les zones rurales sont les plus touchées par les difficultés d’accès à l’éducation. Et pour cause, le budget pour l’éducation ayant été réduit, l’école manque de financements, d’instituteurs et de personnels qualifiés ainsi que de places.

Seule solution pour ces enfants : travailler dès leur plus jeune âge. On estime ainsi que près de 2 030 000 d’enfants âgés de 5 à 17 ans (soit 28% des enfants de Madagascar) sont aujourd’hui économiquement actif. Parmi eux, presque 440 000 seraient engagés dans une activité dangereuse pour leur santé. 

Santé

Les investissements en santé sont relativement faibles, les premières victimes de ce retard sont les enfants.

A Madagascar, le système de santé montre rapidement ses limites. Les soins de santé sont coûteux et peu de malgaches bénéficient d’une couverture maladie. Outre les problèmes liés au coût, le personnel médical, les médicaments ainsi que les fournitures médicales sont limités sur l’île. La crise de 2009 a conduit à une baisse du budget de santé  ayant entraîné la fermeture de plusieurs centres de soins qui n’ont toujours pas ré-ouverts. Ce manque ce ressent tout particulièrement en milieu rural où les déserts médicaux sont fréquent mais où vivent pourtant 83% de la population malgache. Il est estimé aujourd’hui qu’environ 60% de la population malgache vit à plus de 5 km d’un centre de santé, souvent dans des zones très reculées et difficiles d’accès. De plus, le personnel de santé est réparti de manière inégale, les médicaments et les fournitures médicales sont sujets à des ruptures de stock et ne sont pas disponibles dans certaines régions.

Le taux de vaccination est également faible chez les enfants. Bien que les vaccins soient gratuits pour les nourrissons, certains enfants ne se font pas vacciner car isolés géographiquement (enfants nés ou vivants en brousse), par manque d’information des parents, par absence de centre de santé ou par simple rupture de stock des vaccins. Il en résulte que depuis le 3 septembre 2018, au moins 139 550 cas de rougeole et 1 242 décès, principalement des enfants, ont été signalés dans les 22 régions de Madagascar. Le nombre total de cas pourrait encore être plus élevé car les cas au niveau communautaire sont souvent sous-déclarés. Trois campagnes de vaccination de masse ont touché plus de sept millions d’enfants.

Nutrition

Sur le plan alimentaire, des millions de malgaches vivent dans l’insécurité alimentaire et tout particulièrement les enfants en bas âge qui sont totalement dépendants de leur environnement familial. Madagascar est classé 5ème pays le plus touché par la malnutrition chronique dans le monde avec 48 % des enfants victimes de malnutrition chronique (parmi eux 24 % ont moins de 6 mois) ; 13 % souffrent de malnutrition aiguë tandis que 47% des enfants de moins de 5 ans accusent un retard de croissance

En Mars 2019, environ 1,3 million de personnes seraient gravement touchées par l’insécurité alimentaire à Madagascar, dont plus de 366 000 en situation d’urgence. Dans le Grand Sud, environ 47% des communes sont en situation d’«urgence nutritionnelle», et 16% sont en situation d’«alerte nutritionnelle».

Accès à l'eau

64% de la population rurale n’a pas accès à des sources d’eau potables, ce qui est particulièrement préoccupant compte tenu du lien avec la malnutrition chronique et la diarrhée qui affectent les enfants de moins de 5 ans. Les maladies diarrhéiques liées à l’insalubrité et à l’eau non potable sont ainsi très fréquentes. 

Les régions du sud ont la plus faible couverture d’approvisionnement en eau du pays et sont très vulnérables à la sécheresse. L’accès à l’eau potable est un enjeu majeur pour la population locale. Dans les zones rurales, seuls 36 % des ménages utilisent des installations d’eau améliorées.

Abus sexuels

Les abus sexuel et la prostitution des mineurs (exploitation sexuelle commerciale et tourisme sexuel) sont fortement présents sur l’île. Bien qu’illégal, le système judiciaire n’arrive pas à réguler et sanctionner les auteurs et prend très faiblement en charge les soins et les traitements des victimes.

Ostracisme

Les croyances et les traditions, tout particulièrement en zone reculée, attribuent à l’enfant dans la société malgache une très faible considération, et par conséquent, une protection fragile. Le système de protection légale mis en place par les autorités tente de pallier à ce problème mais rencontre des dysfonctionnements qui empêchent de protéger efficacement les enfants des différents types d’abus dont ils sont victimes, notamment vis-à-vis du travail et de la prostitution.

Le système de protection de l’enfant à Madagascar se heurte à des croyances traditionnelles qui minimisent le statut des enfants dans la société. Il est également confronté à un système judiciaire dysfonctionnel avec une surveillance gouvernementale faible qui ne garantie pas suffisamment les droits des enfants.